Le Cameroun est bien plus qu’un pays de paysages majestueux, de plages ensoleillées et de cultures variées. C’est aussi une terre chargée d’histoire, dont les vestiges millénaires témoignent de civilisations aussi riches que fascinantes. Pourtant, le tourisme archéologique y reste encore largement sous-exploité, alors qu’il pourrait devenir un levier puissant de valorisation culturelle et de développement local.
- Un patrimoine millénaire encore méconnu
Peu de gens savent que le Cameroun abrite des sites archéologiques parmi les plus anciens d’Afrique centrale. À l’ouest du pays, la grotte de Shum Laka, située près de Bamenda, est l’un des plus importants gisements préhistoriques du continent. Découverte dans les années 1980, elle a livré des vestiges humains vieux de plus de 8 000 ans, ainsi que des outils en pierre, des ossements et des traces d’activités funéraires.
Au nord, les monts Mandara sont parsemés de ruines mystérieuses et de tumulus, témoins de sociétés anciennes qui vivaient dans des structures communautaires complexes. Quant à la région de Garoua-Boulaï, elle est riche en sites mégalithiques, avec des pierres dressées dont les significations restent encore à élucider.
- Des chefferies, entre mémoire vivante et patrimoine architectural
Outre les fouilles préhistoriques, le Cameroun possède un réseau dense de chefferies traditionnelles, notamment dans les régions de l’Ouest et du Nord-Ouest. Ces palais, construits selon des savoir-faire ancestraux, sont de véritables musées vivants.
Des lieux comme la chefferie de Bafut, classée par l’UNESCO comme site du patrimoine mondial en attente, ou celle de Bandjoun, attirent les passionnés d’architecture, d’histoire orale et de royauté africaine. Leurs collections de sculptures, masques, trônes et armes constituent une mémoire visuelle précieuse de la culture bantoue.
- Un potentiel touristique immense mais sous-exploité
Malgré cette richesse, le tourisme archéologique camerounais souffre d’un manque de visibilité, d’infrastructures adaptées et de politiques de promotion ambitieuses. La plupart des sites ne sont ni balisés ni accessibles aux visiteurs. Il y a peu de musées spécialisés, peu de guides formés dans cette niche, et les communautés locales bénéficient rarement des retombées économiques du peu d’activités générées.
- Quelles opportunités pour demain ?
Pourtant, les perspectives sont prometteuses. Le développement du tourisme patrimonial et éducatif permettrait de :
- Préserver les sites anciens contre le pillage et l’abandon ;
- Offrir des opportunités d’emploi local (guides, artisans, hôteliers) ;
- Attirer une nouvelle catégorie de touristes : chercheurs, passionnés d’histoire, étudiants ;
- Créer des itinéraires touristiques intelligents, connectant les sites archéologiques aux musées et aux chefferies.
- Repenser le tourisme par l’histoire
Le Cameroun gagnerait à intégrer l’archéologie dans son narratif touristique national. Ce serait une façon unique de se démarquer des autres destinations africaines en proposant un voyage dans le temps, autant qu’un voyage dans l’espace. Un tourisme de savoir, d’identité et de fierté culturelle, qui reconnecte les Camerounais à leurs racines et attire des visiteurs curieux de comprendre les fondements de l’Afrique.
Le tourisme archéologique au Cameroun est une mine d’or oubliée. Il ne tient qu’aux acteurs du secteur – pouvoirs publics, opérateurs privés, chercheurs et communautés locales – de creuser ensemble ce filon et de faire du Cameroun, non seulement l’Afrique en miniature, mais aussi l’Afrique en mémoire.
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