Les crises alimentaires se multiplient. Hausse du coût de la vie, raréfaction des denrées, spéculations sur les prix…
Et à chaque fois, on désigne les mêmes responsables : les agriculteurs, accusés d’avoir augmenté les prix ou de ne pas produire assez.
Mais posons-nous la vraie question : à qui profite réellement une crise alimentaire ?
La réponse est dérangeante : rarement à ceux qui cultivent la terre.
Quand tout le monde gagne… sauf le producteur
Dans les périodes de tension, les circuits se resserrent.
Les prix flambent sur les marchés urbains. Les transporteurs augmentent leurs tarifs. Les commerçants grossistes prennent des marges plus larges.
Même certains transformateurs ou distributeurs arrivent à faire de bonnes affaires. Pour ne pas parler des importateurs et distributeurs d’intrants qui se font payer upfront et qui n’hésitent pas à adapter leurs prix.
Pour voir qui est à ce moment le dindon de la farce, il faut regarder attentivement du côté des producteurs ?
- Leurs charges augmentent (intrants, carburant, irrigation…)
- Leurs récoltes se gâtent faute de transport rapide
- Leurs produits sont dévalorisés par un manque de soin post-récolte
Résultat : ce sont eux qui, désorganisés, encaissent les coups sans jamais profiter des hausses.
L’exemple absurde mais réel du pousse insalubre
Prenons un cas simple : un producteur vend ses tomates.
Elles sont mûres, fraîches, bien cueillies. Il fait sa part du travail.
Mais le transporteur, pressé ou mal équipé, les entasse dans un pousse sale, poussiéreux, sans aucune précaution d’hygiène.
Arrivées en ville, les tomates sont défraîchies, abîmées… et les clients supposent naturellement qu’elles ont quitté la ferme dans cet état.
Le producteur voit son image écornée, sa marge diminuée, sa réputation entamée, alors qu’il n’est pas responsable.
Le maillon faible d’une chaîne maltraitée
C’est une triste réalité : dans les chaînes de valeur agricole, le producteur est le plus exposé, le moins protégé, et souvent le moins respecté.
Tout le monde bénéficie de son travail… mais personne ne se donne la peine de préserver la qualité qu’il a produite.
Pourquoi ?
Parce que l’écosystème autour du producteur n’a pas été pensé pour le valoriser :
- Pas de normes simples de transport
- Pas de contrats justes
- Pas de plateformes pour valoriser les bonnes pratiques
- Pas de responsabilisation des autres acteurs de la chaîne
Protéger le travail du producteur, c’est protéger notre sécurité alimentaire
Chez Agrifrika, nous le répétons :
Un pays qui ne protège pas ses producteurs agricoles est un pays qui s’affame lui-même à petit feu.
Il est temps de concevoir un écosystème agricole dans lequel le sérieux du producteur est soutenu par des systèmes qualitatifs à chaque étape :
- Transport propre et traçable
- Conditionnement adapté
- Valorisation des bonnes pratiques
- Plateformes logistiques équitables
- Incitation à la qualité tout au long de la chaîne
Dans les crises, le producteur ne doit plus être la variable d’ajustement.
C’est lui le point de départ de toute la chaîne. Le protéger, ce n’est pas lui faire une faveur — c’est protéger notre nourriture à tous.


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