Quand on parle du potentiel agricole de l’Afrique, les chiffres donnent le vertige. Des millions d’hectares de terres arables, une population jeune, une consommation locale en forte croissance… Pourtant, malgré toutes ces ressources, l’Afrique continue d’importer une partie importante de ce qu’elle consomme. Le problème ne vient pas forcément de la production. Il vient de ce qu’il y a entre la production et la consommation : la logistique.
Aujourd’hui encore, dans de nombreux pays africains, il n’existe pas de chaîne agro-logistique cohérente, fluide, organisée. Ce qui signifie, concrètement, que même si un agriculteur parvient à produire une récolte abondante et de qualité, il ne sait pas toujours comment la transporter vers les marchés, ni où la stocker dans de bonnes conditions. Ce manque d’organisation engendre des pertes post-récolte considérables. Des tonnes de produits alimentaires finissent gaspillés, non pas faute d’acheteurs, mais faute de moyens pour les acheminer à temps, dans de bonnes conditions, là où on en a besoin.
Dans ce contexte, les transformateurs agroalimentaires ont aussi du mal à sécuriser leur chaîne d’approvisionnement. Lorsqu’une usine ne reçoit pas ses matières premières à temps, elle ralentit sa production, voire l’arrête temporairement. Le consommateur, lui, subit les hausses de prix, les ruptures de stock ou la qualité aléatoire. Et face à l’instabilité du marché local, de nombreuses entreprises préfèrent encore importer, ce qui alourdit la facture nationale et freine l’économie locale.
Le vrai défi, ce n’est pas seulement de produire plus. C’est de mieux organiser la circulation des produits agricoles, du champ jusqu’à l’assiette. Cela suppose des routes praticables toute l’année, des camions en bon état, des entrepôts équipés pour préserver la qualité des denrées, et surtout, des acteurs qui travaillent ensemble, selon des normes partagées.
Dans les régions où la logistique est bien pensée, on voit les effets immédiats. Les agriculteurs sont mieux rémunérés, car ils ont accès à des marchés stables. Les entreprises agroalimentaires peuvent planifier leur production. Les consommateurs ont accès à des produits locaux, frais, accessibles. Et l’économie dans son ensemble se renforce, car les marges restent dans le pays, les emplois se créent, et la confiance dans le système grandit.
Mais construire un écosystème agro-logistique solide ne se fait pas du jour au lendemain. Cela demande de la vision, des investissements, de la rigueur et une volonté de collaboration entre les différents maillons de la chaîne. Trop longtemps, la logistique a été pensée comme une contrainte, un coût à réduire. Il est temps de la considérer pour ce qu’elle est vraiment : un levier stratégique pour la souveraineté alimentaire de l’Afrique.
Chez Agrifrika, c’est cette vision que nous portons. Une logistique pensée dès l’origine, intégrée à chaque étape, capable d’accompagner la montée en puissance de l’agriculture africaine. Pas seulement pour nourrir les grandes villes. Mais pour bâtir un système où chaque produit trouve sa place, au bon moment, au bon endroit. Un système qui soutient les producteurs, renforce les filières, et garantit à chacun une alimentation de qualité, produite localement.
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