Pourquoi tant de jeunes échouent-ils dans leurs projets agricoles ?

Ils étaient motivés, ils avaient des idées, parfois même un peu de capital et beaucoup de bonne volonté. Pourtant, quelques mois après leur entrée dans le monde entrepreneurial agricole, on ne voit plus de nouvelles publications, leurs champs sont à l’abandon, et leurs comptes sont à sec. Que s’est-il passé ? Pourquoi des projets qui semblaient prometteurs finissent-ils dans l’oubli ? Que manque-t-il à cette jeunesse qui veut nourrir le pays, mais se retrouve, elle-même, en quête de survie ?

1. Une vision trop romantique de l’agriculture

À force de vidéos virales montrant des récoltes abondantes, ou de témoignages qui enjolivent le parcours entrepreneurial, beaucoup se lancent avec une idée faussée du terrain. On leur a vendu l’agriculture comme un raccourci vers l’autonomie financière. Résultat : le premier échec technique, la première attaque de nuisibles, ou le premier effondrement des prix suffit à briser leur élan. Loin de l’image du champ verdoyant, l’agriculture est un secteur rude, qui exige résilience, rigueur et patience. Mais ça, peu de jeunes y sont vraiment préparés.

2. Des bases techniques trop fragiles

Savoir que la tomate pousse vite ne suffit pas pour en faire une culture rentable. Trop de jeunes se lancent avec un bagage technique approximatif, parfois appris sur le tas ou sur internet, sans véritable accompagnement. Certains ont peut être suivi une formation agricole, mais souvent trop théorique, peu ancrée dans la réalité du terrain. Résultat : des erreurs de culture, des pertes évitables, et une incapacité à adapter les méthodes aux imprévus du climat ou du sol. Le terrain ne pardonne pas l’improvisation.

3. Des modèles économiques qui ne tiennent pas la route

Planter, produire, puis vendre « au moment venu », ce n’est pas une stratégie. C’est du hasard. Malheureusement, beaucoup de jeunes agriculteurs n’ont ni plan de financement structuré, ni stratégie de commercialisation claire. Ils investissent sans savoir à quel moment ils rentreront dans leurs frais. La trésorerie est mal gérée, les prix de vente sont subis et non négociés, et les marges, quand il y en a, ne couvrent même pas les charges. Sans modèle économique solide, le projet se transforme en gouffre.

4. Des ressources financières mal utilisées, mal orientées

Quand un jeune parvient à décrocher un appui financier  prêt, subvention, épargne familiale , il arrive souvent que cet argent soit mal réparti. On achète des équipements inadaptés, on fait construire des structures trop coûteuses, ou on consacre une part disproportionnée du budget au « packaging » du projet. Et si un imprévu survient retard de production, maladie du bétail, prix qui chutent il n’y a aucun filet de sécurité. Le financement, au lieu de stabiliser le projet, accélère parfois sa chute.

5. L’isolement face à un métier collectif

On parle peu de ça, mais l’agriculture n’est pas une aventure solitaire. Sans échanges avec d’autres producteurs, sans mentorat, sans appartenance à un groupement ou une coopérative, les jeunes se retrouvent vite isolés. Or, ce sont souvent les échanges informels, les partages d’expérience, les erreurs racontées par les autres qui sauvent un projet à temps. À force d’agir seul, sans appui technique ni réseau, beaucoup s’enferment dans leurs difficultés jusqu’à l’abandon.

6. L’impatience et la pression de « réussir vite»

Ils ont vu d’autres jeunes monter des start-ups à succès en un an. Ils veulent aussi « percer ». Ils veulent prouver que leur choix était le bon. Cette pression sociale, parfois invisible mais pesante, pousse à chercher des résultats immédiats. Or, dans l’agriculture, la rentabilité se construit sur plusieurs cycles. Il faut perdre, ajuster, recommencer. Sans cette conscience du temps long, la moindre difficulté devient insupportable, et l’abandon devient tentant.

Et maintenant, que faire ?

Il ne s’agit pas d’accuser les jeunes, ni de leur reprocher de rêver grand. Leur énergie est réelle. Leur volonté aussi. Ce qui leur manque, c’est un cadre structurant, des outils adaptés, et un accompagnement honnête.

Chez AGRIFRIKA, nous croyons qu’un projet agricole peut réussir s’il repose sur trois piliers :

  • Des compétences concrètes, issues du terrain, pas seulement des bancs de l’école ;
  • Une structuration financière lucide, qui anticipe les imprévus et ajuste les ambitions ;
  • Il ne suffit pas de dire à un jeune qu’il peut réussir dans l’agriculture. Il faut lui montrer comment y parvenir, étape par étape, avec rigueur et appui.

Parce qu’un projet bien pensé, bien encadré, même petit au départ, peut devenir une entreprise solide et changer durablement une vie, un village, une économie.


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