Ce que la terre enseigne mieux que l’école

Ce qu’on enseigne à l’école

Il y a des leçons que ni les livres, ni les tableaux, ni les professeurs ne peuvent réellement nous transmettre. Des leçons que seule l’expérience peut offrir. Et parfois, cette expérience porte le visage rude, mais généreux de la terre.

À l’école, on apprend à lire, à compter, à réciter, à manipuler des machines, etc. On nous parle de réussite, de progrès, d’avenir, de développement.

Ce que le champ, lui, enseigne

Mais dans les champs, là où la poussière et la boue collent à la peau, où les ampoules poussent dans la paume des mains à mesure que le travail avance, et où les épines transpercent la peau sans prévenir, là surtout où les semences cachent des promesses immenses, on apprend autrement.

On apprend avec le corps, avec les saisons, avec les échecs, avec la sueur, la douleur, et une patience infinie. La terre ne parle pas comme un professeur, mais elle enseigne chaque jour, sans bruit, sans tableau, sans notes, sans codes. Elle enseigne la patience, la résilience, l’humilité. Et surtout, elle enseigne la vérité.

La patience

Le cultivateur, lui, sait que tout prend du temps. Il ne plante pas aujourd’hui pour récolter demain. Il attend, il observe, il prend soin de ses cultures. Parfois, il parle même à la terre, l’air d’un fou. Il recommence quand ça échoue. Il prend des risques. Il compose avec ce qu’il ne contrôle pas : le ciel, la pluie, les maladies, le sol.

Là où l’école punit l’erreur, la terre l’accepte comme une étape. Elle ne juge pas, elle révèle. Elle dit : « Essaye encore. »

L’écoute

Travailler la terre, c’est aussi apprendre à écouter. Écouter les signes invisibles du sol, les silences des graines, les plaintes des feuilles. C’est comprendre que le vivant a son propre rythme, que le rendement n’est pas qu’une affaire de méthode, mais aussi de relation.

Celui qui cultive découvre que tout est interconnecté : la main de l’homme, la pluie, l’arbre, le vent, la lune. Et cette écoute, cette observation attentive, aucune école ne l’enseigne vraiment.

Le courage

Mais au-delà des savoirs, la terre forge l’homme. Elle lui donne du courage. Elle lui apprend à se lever tôt, à faire face aux difficultés les plus extrêmes, à garder foi en l’avenir même quand la récolte a brûlé. Elle offre la dignité d’un travail concret, d’un effort qui nourrit les autres. Dans les champs, beaucoup redécouvrent la valeur du travail bien fait, du respect du temps, de l’utilité profonde de leur geste.

Une autre forme d’éducation

Ce que la terre enseigne ne remplace pas l’école. Ce n’est pas un appel à rejeter les bancs ni les diplômes. C’est un appel à reconnaître que l’intelligence ne se mesure pas uniquement aux notes. Que l’éducation peut aussi venir de la bêche, du soleil, du manioc planté à la bonne lune. Qu’il y a dans les mains calleuses des paysans une sagesse que les amphithéâtres ignorent souvent.

Alors oui, il y a des savoirs que l’école ignore. Des vérités que seule la terre dévoile. Et peut-être que l’avenir de l’Afrique passe justement par cette rencontre entre la craie et la houe, entre le savoir académique et le savoir enraciné. Peut-être qu’en écoutant un peu plus ce que la terre nous murmure, on finirait par apprendre, enfin, à cultiver notre véritable liberté.


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