L’association des cultures au Cameroun : entre tradition et performance agricole

L’association des cultures, ou culture intercalaire, est une pratique agricole ancienne qui consiste à cultiver plusieurs espèces végétales différentes sur une même parcelle. Au Cameroun, cette méthode est largement pratiquée, notamment dans les exploitations familiales. Parmi les associations courantes, on retrouve le mélange haricot, maïs et arachide, qui reflète à la fois une logique de survie et une recherche d’efficacité agronomique. Cet article explore les avantages, les limites et les perspectives de cette pratique dans l’agriculture camerounaise.

Qu’est-ce que l’association de cultures ?

L’association de cultures consiste à faire cohabiter deux ou plusieurs espèces sur une même parcelle de manière planifiée. Contrairement à la monoculture, cette approche permet de diversifier la production, de mieux utiliser les ressources naturelles et de réduire certains risques agronomiques. C’est une pratique ancestrale en Afrique, adaptée aux réalités climatiques et économiques locales.

Quelques exemples d’associations courantes au Cameroun

  • Haricot + Maïs + Arachide : très répandue dans les zones de savane. Le maïs sert de tuteur au haricot grimpant, tandis que l’arachide enrichit le sol en azote.
  • Manioc + Maïs : association souvent utilisée en début de saison. Le maïs est récolté rapidement, libérant de l’espace pour le manioc qui a un cycle plus long.
  • Bananier plantain + taro ou macabo : association typique des zones forestières humides.
  • Igname + Maïs : dans les régions de moyenne altitude, cette association permet un bon partage de l’espace et des ressources.

Ces combinaisons sont choisies en fonction de la complémentarité des cultures : périodes de croissance différentes, profondeur des racines, besoins nutritifs variés.

Avantages de l’association de cultures

  • Optimisation de l’espace : les plantes n’ayant pas les mêmes hauteurs ou besoins lumineux cohabitent efficacement.
  • Amélioration de la fertilité du sol : les légumineuses comme le haricot ou l’arachide fixent l’azote atmosphérique.
  • Réduction des maladies et ravageurs : la diversité des espèces perturbe les cycles de reproduction des insectes nuisibles.
  • Utilisation rationnelle de l’eau : les plantes exploitent différents niveaux de profondeur du sol.
  • Diversification des récoltes : cela garantit une meilleure sécurité alimentaire et réduit les risques de pertes totales.

Inconvénients ou limites

  • Compétition entre cultures : en cas de mauvaise planification, les cultures peuvent se nuire mutuellement.
  • Complexité de gestion : nécessite une connaissance approfondie des espèces et de leurs interactions.
  • Moindre rendement unitaire : chaque plante ayant moins d’espace que dans une monoculture, le rendement par espèce peut être plus faible.
  • Difficultés de mécanisation : les machines agricoles sont souvent conçues pour la monoculture.

Vers une modernisation raisonnée

L’association des cultures est bien plus qu’une tradition : c’est une stratégie agronomique pertinente et adaptée aux contextes africains. Elle permet de renforcer la résilience des exploitations, de préserver les sols, et de mieux répondre aux besoins alimentaires des populations. Encourager la formation, le dialogue entre agriculteurs, et l’accès à l’information est essentiel pour valoriser pleinement cette richesse agricole.

Cette culture intercalaire peut s’intégrer dans des systèmes agricoles modernes comme l’agroécologie ou la permaculture. Des recherches sont menées pour optimiser les combinaisons culturales, et plusieurs projets pilotes au Cameroun montrent qu’il est possible d’améliorer les rendements tout en respectant l’équilibre écologique. Quelques références (https://www.agripo.net/webdoc/project, https://www.saild.org/wp-content/uploads/Cartographie-des-pratiques-et-acteurs-agroecologie.pdf).
Agrifrika, en tant que plateforme de connexion et de partage entre acteurs agricoles, joue un rôle essentiel dans la diffusion de ces bonnes pratiques.

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