Quand on évoque l’agriculture africaine, on pense immédiatement à des terres fertiles, un climat généreux et un potentiel immense. Mais derrière cette image se cache une réalité bien plus rude : celle de millions d’agriculteurs qui travaillent sans relâche, mais restent exclus du système financier.
Une confiance absente du système bancaire
Le principal obstacle à l’accès au crédit agricole en Afrique reste la méfiance des institutions financières.
Obtenir un prêt implique souvent de fournir :
- Des garanties solides (titres fonciers, biens enregistrés),
- Un historique bancaire crédible,
- Une documentation administrative complète.
Or, la plupart des agriculteurs exploitent des terres héritées ou transmises sur plusieurs générations dans leurs familles, de manière informelle, sans titre de propriété officiel. Cette réalité les exclut d’emblée du système bancaire classique.
Des démarches complexes et décourageantes
Même ceux qui parviennent à réunir une partie des conditions sont vite confrontés à :
- La lenteur des procédures,
- La complexité administrative,
- L’absence de réponse ou les refus injustifiés.
Résultat : découragés, beaucoup abandonnent. Et ceux qui obtiennent un prêt reçoivent souvent des montants insuffisants pour moderniser leur activité ou embaucher de la main-d’œuvre.
Un cercle vicieux qui freine la croissance
Le manque d’accès au crédit empêche :
- L’achat de semences de qualité, d’engrais, de produits phytosanitaires,
- La mécanisation et la conservation post-récolte,
- L’amélioration des rendements et la transformation locale.
Ce blocage empêche l’agriculteur de passer d’une logique de survie à une agriculture de croissance.
Des solutions existent, mais restent marginales
Il serait faux de croire qu’aucune solution n’existe. On observe :
Des coopératives qui obtiennent des crédits groupés et négocient collectivement de meilleures conditions. Des ONG qui forment, accompagnent et digitalisent les pratiques agricoles pour créer des preuves d’activité fiables.
Mais ces initiatives restent isolées et trop limitées pour provoquer un changement à grande échelle.
L’agriculture ne peut progresser sans inclusion financière
Tant que l’accès au crédit ne sera pas démocratisé, l’agriculture africaine restera freinée dans son développement. Et pourtant, la volonté existe sur le terrain, la jeunesse est de plus en plus intéressée par le secteur et les compétences sont là.
Conclusion
Il est temps que les banques cessent de traiter les agriculteurs comme des citoyens de seconde zone. En 2025, sur un continent si riche en ressources et en potentiel humain, cela ne devrait plus être acceptable.
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