Douala, Cameroun – Le 1er octobre 2025, la capitale économique a accueilli la pose de la première pierre d’un projet d’envergure : la construction d’un complexe agro-industriel de transformation bovine estimé à 26,7 milliards de FCFA. Cette infrastructure, portée par les communautés urbaines de Douala et d’Édéa et mise en œuvre par le Conseil de l’interprofession bovine du Cameroun (Cibovic), ambitionne de structurer durablement la filière bovine nationale, souvent marquée par une production insuffisante et des prix instables.
Un projet structurant pour la filière bovine camerounaise
Le complexe, implanté sur 110 hectares à PK 17 dans le 3ᵉ arrondissement de Douala, prévoit la mise en place d’une unité d’abattage moderne, d’une unité de transformation et d’un dispositif de traitement du sang. Il s’inscrit dans un programme plus vaste qui comprend un guichet unique de conformité, plusieurs chaînes de froid, des boucheries modernes et des centres de traitement de déchets valorisés en biogaz. À terme, plus de 142 000 emplois directs et indirects devraient être générés, offrant un souffle nouveau à une filière fragilisée par une baisse de production de près de 36 000 tonnes en 2024.
Une seconde phase, estimée à 165 milliards de FCFA, viendra compléter le dispositif avec la création de sept zones de pâturage de 65 000 hectares, un centre d’insémination artificielle capable de gérer 100 000 vaches et un marché régional ultramoderne de 20 000 têtes de bétail. L’objectif est clair : réduire la dépendance aux importations, stabiliser les prix et améliorer l’autosuffisance alimentaire du pays.
Quand l’agritech s’invite dans la transformation bovine
Au-delà des infrastructures physiques, ce projet ouvre une opportunité unique d’intégrer des innovations agritech. La filière bovine camerounaise pourrait ainsi tirer profit de solutions numériques et technologiques pour renforcer son efficacité et sa compétitivité. La traçabilité, par exemple, pourrait être assurée grâce à des systèmes de blockchain et de QR codes permettant de suivre l’animal de l’élevage jusqu’au consommateur final.
L’utilisation de capteurs connectés (IoT) dans les chaînes de froid permettrait d’assurer un suivi en temps réel des conditions de conservation de la viande, réduisant les pertes et garantissant la qualité des produits destinés aux marchés locaux et internationaux. De la même manière, l’intelligence artificielle peut jouer un rôle majeur dans la détection précoce des maladies bovines, l’optimisation de l’alimentation et la gestion des pâturages en fonction des conditions climatiques.
L’agritech apporte également une réponse aux défis environnementaux. Les déchets issus de l’abattage peuvent être valorisés en biogaz et en fertilisants organiques grâce à des technologies de traitement adaptées, contribuant à une économie circulaire plus durable.
Un levier pour l’économie numérique et la jeunesse
Le projet prévoit l’ouverture d’un centre de formation des jeunes, une occasion de développer de nouvelles compétences autour des métiers de l’agritech : gestion des données agricoles, maintenance des équipements connectés, logistique numérique ou encore e-commerce agroalimentaire. À terme, les éleveurs et transformateurs pourront utiliser des plateformes digitales pour commercialiser leurs produits, accéder à des financements et améliorer leur insertion dans la chaîne de valeur régionale.
Opportunités et défis à relever
Si l’intégration des technologies agricoles offre de nombreuses opportunités – amélioration de la productivité, renforcement de la sécurité alimentaire, ouverture à de nouveaux marchés – elle pose également certains défis. Le coût d’acquisition des équipements connectés, la couverture numérique encore limitée dans certaines zones rurales et la résistance au changement parmi les acteurs traditionnels représentent des freins à surmonter. La réussite de ce projet passera donc par une gouvernance rigoureuse, des partenariats stratégiques avec les startups agritech et les universités, ainsi qu’une politique de formation adaptée.
Conclusion
Le lancement du complexe agro-industriel bovin de Douala marque une étape décisive pour la filière bovine au Cameroun. Mais au-delà des infrastructures, c’est bien l’intégration de l’agritech qui déterminera l’impact réel de ce projet sur l’économie nationale. Si les solutions numériques, l’intelligence artificielle et les chaînes de froid intelligentes sont pleinement adoptées, le pays pourrait devenir un hub régional en matière d’élevage et de transformation bovine, tout en offrant des emplois qualifiés à une jeunesse en quête d’opportunités.
Source: Investir au Cameroun


Leave a Reply