Les cultures les plus rentables de l’agriculture africaine : Partie 2

Dans la première partie de notre exploration des cultures les plus rentables de l’agriculture africaine, nous avons examiné en détail le maïs et le manioc, soulignant leur importance cruciale pour la sécurité alimentaire et leur potentiel économique significatif. Nous avons mis en lumière leur polyvalence, la diversité de leurs produits dérivés industrialisables et leur capacité à générer des revenus substantiels pour les agriculteurs et les acteurs de la chaîne de valeur. L’investissement dans l’amélioration des pratiques culturales, l’adoption de variétés performantes et le développement de chaînes de valeur intégrées a été identifié comme des leviers majeurs pour maximiser leur rentabilité et leur impact socio-économique.

Cette deuxième partie de notre série se concentrera sur deux autres cultures maraîchères à forte valeur ajoutée et à grand potentiel d’industrialisation : la tomate et le piment. Nous analyserons leur rentabilité, les coûts de production, leurs produits dérivés industrialisables et leur utilité, afin de fournir une compréhension approfondie des opportunités qu’elles représentent pour le développement agricole du continent africain.

Tomate

La tomate (Solanum lycopersicum) est une culture maraîchère d’une grande importance économique et nutritionnelle en Afrique. Elle constitue un ingrédient essentiel de la cuisine africaine et sa production offre un fort potentiel commercial, avec une croissance prévue de plus de 20% d’ici 2028 pour l’investissement dans sa production.

Rentabilité et Rendements

La tomate est reconnue comme une culture très rentable, avec des rendements pouvant varier considérablement en fonction des variétés cultivées et des pratiques culturales adoptées. Des rendements de 60 à 70 tonnes par hectare sont réalisables avec l’utilisation de bonnes variétés (telles que Cobra, Jarrah) et l’application de techniques appropriées. Certaines sources indiquent même un rendement de 70 tonnes par hectare avec 33 000 pieds à l’hectare et une production débutant 2,5 mois après la plantation La production de tomate fraîche est une activité économiquement viable, comme le confirment plusieurs études.

Coûts de Production et Prix de Vente

Le coût de production d’un hectare de tomates en Afrique subsaharienne était d’environ 1 300 dollars en 2021, selon une étude menée par la FAO. Cependant, ce coût peut être influencé par la disponibilité et le prix des intrants, ainsi que par les coûts de main-d’œuvre. Les prix de vente de la tomate sont souvent élevés mais peuvent fluctuer considérablement en fonction des saisons, de l’offre et de la demande, et des régions. Par exemple, à Lubumbashi (RDC), le prix d’une caisse de 30 kg est passé de 45 000 à 90 000 francs congolais. Au Maroc, le prix du kilogramme de tomate a grimpé à 10 dirhams, contre 3,50-5 DH/kg auparavant. Ces fluctuations soulignent l’importance d’une gestion rigoureuse de la production et de la commercialisation pour maximiser la rentabilité.

Produits Dérivés et Industrialisation

La tomate est largement utilisée dans l’industrie agroalimentaire pour la production de divers produits transformés, ce qui permet d’ajouter de la valeur et de réduire les pertes post-récolte. Le marché africain des concentrés de tomate a représenté une valeur annuelle moyenne de plus de 456 millions USD. Les principaux produits dérivés incluent :

•Le concentré de tomate, la purée et le jus : Ces produits sont essentiels pour l’industrie alimentaire et la consommation domestique.

•Les sauces et les conserves : La tomate est la base de nombreuses sauces et conserves, offrant une longue durée de conservation.

L’industrialisation de la tomate offre des opportunités significatives pour le développement économique. Des projets d’unités de transformation de tomate sont en cours en Afrique, comme au Burkina Faso, où une usine d’une capacité de transformation de 100 tonnes de tomates par jour devrait générer 8 milliards de francs CFA de recettes sur cinq ans . Le Nigeria, principal producteur, a également renforcé sa capacité de transformation, et l’Algérie est un fournisseur important de tomate industrielle en Afrique . La transformation permet de stabiliser les prix, d’assurer des débouchés pour les producteurs et de répondre à la demande croissante de produits transformés, tout en réduisant les pertes post-récolte.

Utilité

L’utilité de la tomate est multiple :

•Sécurité alimentaire et nutrition : La tomate est une source importante de vitamines (notamment C et K), d’antioxydants et de fibres, contribuant à une alimentation saine et à la prévention de maladies.

•Génération de revenus : La culture et la transformation de la tomate constituent une source de revenus significative pour les agriculteurs et les acteurs de la chaîne de valeur.

•Création d’emplois : L’industrialisation de la filière tomate génère des emplois dans les zones rurales et urbaines.

•Développement économique : La filière tomate contribue au développement économique en stimulant l’investissement et en créant de la valeur ajoutée.

Piment

Le piment (Capsicum spp.) est une culture très rentable en Afrique, caractérisée par un cycle de croissance variable et une forte demande, tant sur les marchés locaux qu’internationaux. Il est apprécié pour sa saveur, son piquant et ses propriétés médicinales.

Rentabilité et Rendements

Le piment est une culture à haute rentabilité, même sur de petites surfaces. Il existe des variétés à cycle court et à fort rendement, comme la variété Malanville, qui s’adaptent bien aux conditions climatiques africaines et offrent des rendements améliorés, pouvant atteindre jusqu’à 15 tonnes par hectare . Un pied de piment long peut produire entre 1,5 et 3 kg de fruits sur un cycle de culture, en fonction des soins apportés. La rentabilité est élevée, avec des études montrant un ratio bénéfice-coût variant entre 5 et 6, ce qui indique une activité très lucrative.

Coûts de Production et Prix de Vente

Les coûts de production du piment incluent les semences (environ 10 000 FCFA pour 500g), les produits phytosanitaires et les engrais (environ 30 000 à 35 000 FCFA chacun). Le coût total de la main-d’œuvre pour la production de piment en système pluvial s’élève à environ 29 415 FCFA. Les prix de vente du piment varient considérablement en fonction des saisons et des régions. Par exemple, au Burkina Faso, le prix des sacs de piment peut passer de 20 000-25 000 F CFA en avril à près de 75 000 F CFA pendant les mois de juin-juillet. Le marché africain du piment sec est estimé à 1,52 milliard de dollars, offrant des opportunités avec peu d’investissement.

Produits Dérivés et Industrialisation

Le piment est principalement transformé en divers produits à valeur ajoutée, ce qui permet de prolonger sa durée de conservation et d’accéder à des marchés plus larges. Les principaux produits dérivés incluent :

Le piment sec et en poudre : Formes les plus courantes de transformation, utilisées comme épice et condiment.

La purée de piment et les sauces épicées : Des produits comme le Shito (une sauce épicée très consommée au Ghana et au Togo) sont fabriqués à partir de piments, d’oignons et d’épices.

•L’huile de piment : Utilisée comme condiment ou ingrédient dans d’autres préparations.

Le marché africain du piment transformé est estimé à 2,3 milliards USD en 2023 et devrait atteindre 3,4 milliards USD. L’industrialisation du piment offre des opportunités de développement de chaînes de valeur intégrées, de la production à la transformation, et contribue à la diversification économique et à la création d’emplois.

Utilité

L’utilité du piment est diverse :

•Valeur culinaire et nutritionnelle : Le piment est un ingrédient clé dans de nombreuses cuisines africaines, apportant saveur et piquant. Il est également une source de vitamines (notamment C) et d’antioxydants.

•Génération de revenus : La culture, la commercialisation et la transformation du piment procurent des revenus substantiels aux agriculteurs et aux transformateurs.

•Usages médicinaux et industriels : Le piment est utilisé en médecine traditionnelle et ses composés actifs (capsaïcinoïdes) trouvent des applications dans l’industrie pharmaceutique et cosmétique.

•Résilience économique : Sa capacité à être cultivé sur de petites surfaces et sa forte demande en font une culture résiliente et une source de revenus fiable pour les petits exploitants.

Conclusion

La tomate et le piment, comme le maïs et le manioc, démontrent le potentiel immense de l’agriculture africaine. Leur rentabilité élevée, la diversité de leurs produits dérivés industrialisables et leur rôle dans la création de revenus et d’emplois en font des cultures stratégiques pour le développement économique du continent. L’investissement dans des pratiques agricoles modernes, la valorisation des produits transformés et l’accès aux marchés sont essentiels pour exploiter pleinement ces opportunités.

Dans les prochaines parties de cette série, nous explorerons d’autres cultures clés qui contribuent à la richesse et à la diversité de l’agriculture africaine. Restez connectés pour découvrir de nouvelles perspectives et opportunités d’investissement !


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