On l’entend souvent :
« Je vais travailler à fond, faire carrière en ville… puis à la retraite, je reviendrai à la terre. »
Comme si l’agriculture était un plan B tranquille, une reconversion facile, une activité de fin de cycle.
Et pourtant, cette vision est non seulement erronée… mais contre-productive pour le développement de l’agriculture africaine. Je suis encore plus amusé d’entendre des fonctionnaires des ministères de l’agriculture ou de l’élevage tenir ce même discours, comme s’ils étaient totalement étrangers à un secteur dont ils côtoient chaque jour les acteurs.
L’agriculture n’est pas un refuge. C’est un secteur stratégique.
Faire de l’agriculture un choix de retraite, c’est considérer cette activité comme une occupation secondaire, non stratégique, ou réservée à ceux qui n’ont plus rien à prouver.
C’est oublier que :
- Nourrir une nation est un acte de souveraineté.
- Moderniser la production demande de l’innovation, de l’énergie, de la veille constante.
- Structurer une exploitation agricole, ce n’est pas improviser un potager : c’est gérer un business exigeant, soumis à des cycles, des risques, des normes, des marchés.
Et si nous voulons réellement nourrir l’Afrique, il faudrait que nous arrêtions définitivement de considérer l’agriculture comme un side business auquel on ne s’attèle qu’une fois toutes nos autres tâches terminées.
À la retraite, on cherche la stabilité. L’agriculture, elle, demande de l’intensité.
Lancer une exploitation agricole demande :
- Du temps sur le terrain
- De l’apprentissage technique et financier
- Des tests, des erreurs, des ajustements
- Des investissements et un réseau solide
- Des nerfs et une résilience à toute épreuve
Ce n’est pas à 60 ans, quand l’énergie physique et l’endurance déclinent, que l’on peut réellement gérer une saison agricole, former une équipe, ou construire des circuits de distribution viables. Encore plus dans un environnement comme le nôtre où tout reste à faire. Car croyez-moi, produire des denrées agricoles ne représente même pas 10% du travail qu’il faut accomplir pour établir une exploitation durable.
Résultat : beaucoup de projets agricoles “de retraite” échouent dans les deux premières années. Soit par épuisement, soit par manque de préparation.
Ce secteur a besoin de cerveaux frais, pas d’habitudes anciennes.
En Afrique, l’agriculture a besoin d’être repensée :
- avec des outils numériques
- avec des modèles durables
- avec des logiques de chaîne de valeur
- avec des réflexes de marque, de qualité, de marketing
Qui mieux que la jeunesse urbaine formée, connectée, agile pour relever ce défi ?
Et si vous voulez vraiment revenir à la terre… faites-le intelligemment.
➡️ Vous êtes salarié?
Commencez par investir dans un projet structuré avec un partenaire local.
➡️ Vous êtes en ville?
Devenez co-investisseur d’une coopérative dont vous accompagnerez la modernisation.
➡️ Vous êtes jeune diplômé?
Pensez à une startup agricole, une solution logistique, ou un produit transformé à forte valeur ajoutée auquel vous allez vous dédier entièrement.
Et si aucune de ces propositions ne vous convient, mangez doucement votre argent. La paix est bien.
Mais n’attendez pas la fin de votre parcours professionnel pour vous intéresser à la terre. Notre secteur n’est pas condamné à récupérer les restes d’ailleurs.
Pour terminer, retenons que l’avenir de l’Afrique ne se construit pas à la retraite.
Chez Agrifrika, nous pensons que l’agriculture est une aventure de visionnaires, pas un repli tardif pour anciens cadres désabusés.
La terre mérite nos années les plus fortes, pas nos restes.
Le secteur agricole mérite des acteurs engagés à plein temps, pas des visiteurs du dimanche.
Alors, si vous avez l’appel de la terre… n’attendez pas. Engagez-vous maintenant. Le moment de semer, c’est aujourd’hui.


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