L’Afrique dispose de 60 % des terres arables non exploitées du monde, d’une jeunesse nombreuse et d’un marché intérieur en pleine expansion. Pourtant, le continent reste largement dépendant des importations pour nourrir ses populations. L’une des raisons majeures : le déficit criant d’infrastructures adaptées à l’agriculture commerciale.
Ce qui ne va pas aujourd’hui en Afrique
Dans de nombreuses régions, les récoltes se perdent avant même d’arriver aux marchés. Les routes rurales sont souvent impraticables, les systèmes de transport peu fiables et le stockage insuffisant. Résultat : jusqu’à 40 % des productions agricoles sont gaspillées chaque année selon la FAO.
À cela s’ajoutent :
- Un manque d’unités de transformation proches des zones de production
- Des difficultés d’accès à l’électricité pour conserver et transformer les denrées
- Une faible digitalisation des marchés, laissant producteurs et acheteurs dans une incertitude constante
Sans infrastructures solides, il est impossible de développer une agriculture commerciale compétitive à grande échelle. Les producteurs restent prisonniers de circuits informels, et les investisseurs hésitent à s’engager dans un secteur jugé trop risqué.
Ce qui a fonctionné ailleurs
Dans d’autres régions du monde, l’histoire est différente car les infrastructures ont servi de catalyseur à la transformation agricole :
- Brésil : le développement de routes rurales et de ports spécialisés a permis au pays de devenir un géant mondial du soja, de la viande et du maïs.
- Inde : la construction de milliers de “mandis” (marchés agricoles régulés) et d’entrepôts de stockage a réduit les pertes post-récolte et facilité les transactions.
- Pays-Bas : malgré un territoire minuscule, le pays a misé sur des infrastructures de pointe (serres high-tech, hubs logistiques, ports alimentaires) pour devenir le deuxième exportateur agricole mondial.
- États-Unis : les réseaux ferroviaires et autoroutiers ont connecté les fermes aux marchés urbains et aux ports, accélérant l’essor de l’agriculture commerciale dès le XIXe siècle.
Ces exemples prouvent que l’infrastructure n’est pas un luxe, mais la base même d’un système agricole rentable et durable.
L’opportunité africaine
En Afrique, la situation est certes difficile, mais elle offre aussi une opportunité unique de leapfrog. Plutôt que de copier les modèles lourds du passé, le continent peut :
- Investir dans des routes rurales ciblées et des infrastructures légères mais stratégiques
- Déployer des unités de stockage et de transformation décentralisées autour des zones de production
- Miser sur les mini-réseaux solaires pour alimenter la conservation et la transformation
- Développer des plateformes digitales connectant producteurs, acheteurs et transporteurs en temps réel
- Structurer des corridors d’exportation pour des produits clés comme la noix de cajou, le sésame ou les fruits tropicaux
La vision d’Agrifrika
Chez Agrifrika, nous savons que la croissance de l’agriculture commerciale africaine ne passera pas uniquement par les semences ou la formation, mais par la mise en place d’un véritable écosystème d’infrastructures.
Notre ambition est de contribuer à bâtir ces bases : des plateformes logistiques proches des producteurs, des systèmes de stockage accessibles, des canaux digitaux pour fluidifier les échanges, et des solutions qui permettent de connecter la ferme au marché sans rupture.
L’infrastructure est le squelette de toute économie agricole. Sans elle, le potentiel reste un rêve. Avec elle, l’Afrique peut nourrir son peuple… et le monde.


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