Comment améliorer la chaîne d’approvisionnement pour éviter le gaspillage alimentaire

En Afrique, des tonnes de nourriture se perdent chaque année avant même d’atteindre les marchés. Dans de nombreuses zones rurales, les récoltes restent bloquées dans les champs pendant des jours, faute de routes praticables ou de moyens de transport fiables. Les produits se détériorent sous le soleil, les camions n’arrivent pas à passer, et les agriculteurs finissent par jeter une partie de leur travail à cause de cette logistique défaillante.

Ce problème structurel n’est pas uniquement africain. Dans plusieurs régions du monde, on a déjà été confronté à cette réalité et des solutions ont été mises en place pour y remédier.

Ce qui fonctionne ailleurs

En Inde, l’extension des routes rurales et des pistes agricoles a permis de réduire drastiquement les pertes post-récolte. Mais là où l’État n’a pas pu agir rapidement, des coopératives et des investisseurs privés ont installé des centres de collecte, de tri et de transformation directement à proximité des zones de production. Résultat : moins de pertes et des revenus plus stables pour les agriculteurs.

Au Brésil, les zones agricoles éloignées sont équipées d’unités de transformation primaire – séchage, congélation, emballage – pour prolonger la durée de vie des produits et éviter qu’ils ne soient bradés lors de pics d’offre. Bien que le problème de logistique soit encore assez présent en Amazonie.

En Thaïlande, des systèmes de stockage réfrigéré communautaires permettent aux producteurs de conserver leurs fruits et légumes jusqu’à ce que les prix soient plus favorables, évitant ainsi les ventes à perte. Un solution qui pourrait par exemple profiter aux producteurs d’oignons du Grand Nord du Cameroun.

Une solution adaptée à nos réalités

Dans nos pays, où la volonté politique d’investir massivement dans les infrastructures se fait parfois attendre, il faut envisager des solutions plus pragmatiques et localisées.
La mise en place de petites unités de transformation et de stockage autour des exploitations pourrait changer la donne.
Elles permettraient :

  • De prolonger la durée de conservation des récoltes
  • De stabiliser l’offre sur les marchés
  • D’éviter le bradage lors des pics de production

Ces unités peuvent être gérées par des coopératives, des entrepreneurs privés ou via des partenariats public-privé. Elles représentent une réponse concrète et rapide à un problème qui ruine chaque année le travail de milliers d’agriculteurs.

Faire face à la volatilité des prix

Même lorsque la logistique fonctionne, un autre problème guette : l’effondrement brutal des prix sur les marchés. Dans certains cas, les récoltes arrivent toutes en même temps, saturant l’offre et faisant chuter les revenus des producteurs.

Dans le monde, des solutions existent depuis longtemps. La Chicago Mercantile Exchange (CME) et son ancêtre, le Chicago Board of Trade, ont par exemple créé des marchés à terme permettant aux agriculteurs de fixer un prix plancher pour leurs récoltes à l’avance. Cela leur donne de la visibilité, les protège des variations extrêmes et leur permet de mieux planifier leur production.

La vision d’Agrifrika

Chez Agrifrika, nous voulons combiner ces deux approches :

  • Proximité : déployer ou aider à déployer des unités locales de transformation et de stockage pour éviter les pertes.
  • Sécurité : mettre en place une bourse agricole panafricaine où les producteurs pourront négocier à l’avance leurs prix, accéder à l’information en temps réel et réduire leur exposition aux fluctuations du marché.

C’est en reliant les solutions logistiques aux outils financiers que nous pourrons bâtir une chaîne d’approvisionnement capable de nourrir plus, gaspiller moins et sécuriser les revenus de ceux qui travaillent la terre.


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