Un patrimoine agricole stratégique
Cultivé depuis la fin du XIXe siècle, le cacao s’est imposé comme l’un des piliers de l’économie agricole camerounaise. Grâce à un climat tropical favorable, il prospère dans les régions du Centre, du Sud, du Littoral et du Sud-Ouest. Aujourd’hui, le Cameroun produit près de 300 000 tonnes de cacao par an, faisant du pays l’un des principaux producteurs africains.
Derrière ces chiffres, il y a surtout des milliers de petits exploitants et de familles dont la vie est rythmée par les récoltes, le séchage des fèves et la commercialisation sur les marchés locaux.
Une ressource à forte valeur ajoutée
Le cacao camerounais est reconnu pour sa qualité, notamment les variétés dites “fine flavor”, recherchées sur le marché international pour leurs arômes uniques. Pourtant, plus de 90 % de cette production est exportée brute, privant ainsi le pays d’une grande partie de la valeur ajoutée.
Si davantage de fèves étaient transformées localement, le cacao pourrait devenir un véritable levier d’industrialisation, stimulant la création d’emplois, l’innovation agroalimentaire et l’exportation de produits finis compétitifs.
Les défis de la filière
Malgré son potentiel, le secteur reste marqué par plusieurs limites :
- Faibles revenus des producteurs face à la volatilité des prix mondiaux.
- Dépendance à l’exportation brute.
- Manque d’infrastructures de transformation locale.
- Pression environnementale liée à la déforestation et à l’usage excessif d’intrants chimiques.
Vers une filière durable et inclusive
Pour faire du cacao un moteur de développement durable, plusieurs leviers doivent être actionnés :
- Agroforesterie : cultiver le cacao sous ombrage pour préserver les sols et la biodiversité.
- Bonnes pratiques agricoles : former les producteurs et réduire l’usage des intrants chimiques.
- Labels et certifications : développer les filières bio, équitables ou à haute valeur environnementale.
- Transformation locale : encourager chocolateries, coopératives, PME agroalimentaires et startups à créer des produits dérivés compétitifs.
Une fierté nationale à valoriser
Le cacao représente déjà près de 15 % des exportations agricoles du Cameroun, mais son potentiel est bien plus grand. S’il est correctement valorisé, il peut devenir le symbole d’une agriculture moderne, inclusive et compétitive, capable de nourrir les familles locales tout en conquérant les marchés internationaux.
Comme le dit un proverbe rural : « Le cacao ne parle pas, mais il nourrit les familles. »
Le défi, aujourd’hui, est de l’écouter et de bâtir autour de lui une filière forte, durable et créatrice de valeur.
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