Le Cameroun vient de franchir une nouvelle étape majeure dans l’amélioration de la qualité de son cacao et de son café avec le lancement officiel de la plateforme de veille, d’alerte et de surveillance sanitaire et phytosanitaire de ces produits. Une avancée qui illustre une réalité incontournable : produire en grande quantité ne suffit pas, il faut garantir une qualité irréprochable pour s’imposer durablement sur les marchés internationaux.
Pourquoi la qualité est essentielle ?
Les exigences des marchés internationaux en matière de cacao et de café sont de plus en plus strictes. Les acheteurs scrutent non seulement la teneur en pesticides, mais aussi la conformité aux normes microbiologiques et chimiques. Toute négligence peut entraîner des refus d’importation, affectant directement les revenus des producteurs et l’économie nationale.
Par exemple, les produits non conformes subissent une décote importante, réduisant leur valeur marchande. Sur le marché du cacao, un lot de fèves de grade inférieur peut être vendu à 15 % de moins qu’un produit de qualité supérieure. À l’inverse, les fèves de premier choix permettent aux producteurs d’obtenir une prime à la qualité, une mesure gouvernementale qui a déjà injecté 5 milliards de FCFA aux producteurs depuis la campagne 2017-2018.
Les initiatives camerounaises pour améliorer la qualité
Depuis plus de 10 ans, plusieurs initiatives ont été mises en place pour hausser le niveau de la production :
- Création de centres de traitement post-récolte : Ces centres permettent d’assurer une fermentation et un séchage optimaux, essentiels pour obtenir un cacao fin.
- Distribution de primes à la qualité : Un soutien financier qui encourage les producteurs à adopter de meilleures pratiques.
- Surveillance stricte : La plateforme récemment lancée s’engage à détecter toute non-conformité pour éviter les rejets à l’exportation.
Ces efforts ont porté leurs fruits. Selon le rapport de l’Office national du cacao et du café (ONCC), la campagne 2020-2021 a enregistré le meilleur volume de fèves contrôlées et le plus haut pourcentage de fèves de grade I des 20 dernières années.
L’adhésion du Cameroun au cercle très fermé des producteurs de “cacao fin”
Une reconnaissance majeure a été obtenue en juin 2023, lorsque l’Organisation internationale du cacao (ICCO) a officiellement admis le Cameroun dans le club très restreint des producteurs de cacao fin. Ce type de cacao, particulièrement recherché pour ses qualités aromatiques et gustatives, se vend à 20 à 30 % plus cher que le cacao ordinaire.
L’importance du traitement post-récolte est indéniable : bien fermenté et séché, un cacao peut atteindre des prix premium, augmentant considérablement les revenus des agriculteurs.
Une stratégie gagnante pour l’avenir
La mise en place de cette plateforme s’inscrit dans une démarche de pérennisation des efforts pour la qualité. Elle permettra aux acteurs du secteur de :
- Identifier rapidement les exigences des marchés étrangers.
- Anticiper les normes et réglementations.
- Réduire les pertes économiques liées aux refus d’importation.
Le message est clair : produire est bien, mais produire de la qualité est encore mieux. Une meilleure qualité entraîne une valorisation des produits, un renforcement de la compétitivité et une hausse des revenus des producteurs camerounais.
Grâce à ces innovations, le Cameroun s’impose aujourd’hui comme une référence mondiale dans la filière cacao et café. Un modèle à suivre pour tous les pays producteurs souhaitant transformer leur richesse agricole en véritable moteur économique.
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