Pourquoi il est difficile de scaler un projet agricole en Afrique?

L’agriculture est souvent présentée comme un pilier du développement économique en Afrique. Le continent dispose de 60% des terres arables non exploitées dans le monde, et une majorité de sa population dépend directement ou indirectement de l’agriculture pour vivre. Pourtant, malgré un fort potentiel et une multitude d’initiatives innovantes, très peu de projets agricoles parviennent à passer à l’échelle. Pourquoi ? Quels sont les freins qui limitent la croissance de ces projets ? Chez Agrifrika, nous accompagnons les entrepreneurs agricoles au quotidien, et voici ce que nous observons sur le terrain.

1. Un accès limité au financement patient

L’une des principales difficultés est l’accès à des financements adaptés. Les investisseurs recherchent souvent un retour rapide sur investissement, ce qui est rarement compatible avec les cycles longs de l’agriculture. Planter, récolter, transformer, distribuer… tout cela prend du temps, et les résultats ne sont pas toujours immédiats. De plus, les banques traditionnelles perçoivent le secteur comme risqué et exigent souvent des garanties inaccessibles, en plus d’implémenter des taux d’intérêt impraticables pour les entrepreneurs agricoles.

2. Des infrastructures insuffisantes

Routes dégradées, absence d’irrigation, manque de stockage, chaînes logistiques fragiles… En Afrique, le manque d’infrastructures ralentit considérablement le passage à l’échelle. Même lorsqu’un produit est de bonne qualité, l’acheminer jusqu’au marché, le conserver ou le transformer peut s’avérer coûteux et complexe. Ce manque de fluidité freine l’expansion de nombreuses initiatives prometteuses.

3. Une main-d’œuvre peu formée et difficile à fidéliser

L’agriculture reste largement informelle dans de nombreuses régions. Recruter une main-d’œuvre qualifiée, la former, la fidéliser et garantir des standards de production homogènes est un vrai défi. De plus, la pénibilité du travail agricole, les faibles salaires et l’attrait croissant des villes découragent les jeunes à s’investir durablement dans ce secteur.

4. Une fragmentation des marchés

Le marché agricole africain est morcelé. Chaque pays a ses régulations, ses standards, ses habitudes de consommation. Il est donc difficile pour un entrepreneur de reproduire un modèle d’un pays à l’autre sans devoir adapter en profondeur ses pratiques. Même au sein d’un même pays, l’accès au marché formel (grandes surfaces, export, agro-industries) reste souvent réservé à une minorité bien connectée ou suffisamment soutenue par l’écocystème local.

5. Une instabilité politique et réglementaire

Des politiques agricoles changeantes, des subventions mal ciblées, des taxes imprévisibles ou encore des conflits locaux peuvent rapidement faire vaciller un projet pourtant bien lancé. L’incertitude décourage l’investissement et rend difficile la planification à long terme. Ici, ne tombez pas dans le piège de croire que les projets ponctuels conçus pour soi-disant relancer l’agriculture, peuvent apporter une solution. Ils ne viennent que faire du saupoudrage sur un fond de marketing déplacé.

6. Un écosystème d’accompagnement encore jeune

Enfin, même si des structures comme Agrifrika émergent pour soutenir les entrepreneurs agricoles, l’écosystème d’accompagnement reste jeune. Accès à des mentors expérimentés, à des outils de gestion, à des plateformes logistiques ou commerciales… tout cela est encore en construction et peine à répondre à une demande croissante et extrêmement forte.

Et pourtant, des solutions existent

Heureusement, tout n’est pas sombre. Des entrepreneurs résilients, des innovations locales, des politiques publiques plus attentives et un intérêt croissant pour l’agritech montrent que le changement est possible. Mais pour réussir à scaler un projet agricole en Afrique, il faut plus qu’une bonne idée : il faut de la patience, de la stratégie, de l’ancrage local, et un solide réseau d’appui.

Chez Agrifrika, nous croyons à la force de la collaboration, à l’intelligence collective et à l’agriculture comme moteur de transformation. Scalabilité ne rime pas avec copie-collé. Elle exige une adaptation continue aux réalités du terrain. Et c’est ensemble que nous pourrons faire pousser les futurs champions agricoles du continent.


Comments

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *