Comme certains animaux en voie de disparition, nous perdons certaines cultures.

Il est vrai que l’accès aux marchés urbains des vivres venant des zones enclavées est difficile, il est vrai qu’à une certaine période de l’année, certains produits sont rares, il est aussi vrai que les terres ont perdu leur fertilité… Mais cela n’explique pas pourquoi certains produits sont devenus si rares qu’on a tendance à les exclure des menus, voire même, à les oublier.

Je vous conduis dans la région du littoral, dans le département du Moungo, et plus précisément dans le canton Elong. Dans les montagnes toujours vertes de cette localité, il y a encore moins de 30 ans, la terre était très généreuse. Une bouture de manioc arrachée suffisait à nourrir une famille de 20 personnes, et tout le monde mangeait à sa faim. 2 boutures de macabos arraché suffisaient à remplir un hôte au point de faire mal au dos de la femme qui la transporte.

Il ne servait à rien de proposer à vendre du macabo à une femme du canton : toutes en avaient, et même trop.  Elles en avaient à revendre, mais à qui ? les villages de cette localité étant très enclavés, le peu de visiteurs qui y arrivaient de façon prodigieuse pouvaient tout avoir, au prix qu’ils avaient la possibilité de définir eux même. « Nous sommes obligées de le vendre ainsi, sinon, qu’allons-nous en faire ? », disaient ces femmes qui offraient pratiquement le fruit de leur dur labeur à des inconnus pour pouvoir s’acheter un peu de pétrole pour les lampes.

Près de 30 ans après, il n’y a pratiquement plus de macabo dans les villages du canton Elong. Ces mêmes femmes qui manquaient quoi faire de leurs récoltes surabondantes cherchent aujourd’hui où en acheter.

Que s’est-il passé

Le travail agricole dans notre contexte demande encore beaucoup d’énergie, il est encore essentiellement physique, car nous n’avons pas encore les outils agricoles à la pointe de la technologie. Lorsqu’un agriculteur fait une culture précise, il sacrifie en quelque sorte sa santé, et ce n’est pas uniquement pour sa propre consommation, il espère également vendre une partie de sa récolte pour subvenir à ses besoins. Mais quand on finit par se rendre compte qu’on travaille seulement pour nourrir les autres, on finit par se dire qu’il vaut mieux laisser tomber, et préserver au moins sa santé. On se consacre uniquement à l’agriculture de subsistance, et on ne cultive que ce qu’on aime nous-même consommer. C’est ainsi que nous avons perdu certaines cultures.

Vous êtes-vous déjà posé la question de savoir la provenance des aliments qui arrivent à votre table chaque jour ? Savez-vous dans quelles conditions vivent les personnes qui ont rendu cela possible ?

Agrifrika vous invite à cultiver les bonnes pratiques pour encourager les personnes qui vous évitent de mourir de faim.


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