Dans mon enfance, j’ai dégusté les meilleurs mets faits par les soins de ma tendre maman. Tout ce qu’elle nous cuisinait sortait droit de ses champs, sans détour ni ajout. Le taro, le macabo, le plantain, le haricot, les légumes, les fruits etc., étaient récoltés le jour même où il fallait les préparer. On peut donc dire que j’ai été habitué à de la bonne nourriture. Oui c’est ce qu’on appelle manger naturel, et ça ne peut-être que bon, bon pour les papilles, bon pour l’organisme.
Puis vint le moment inévitable où il faut quitter le nid douillet, il vaut apprendre à voler de ses propres ailes. On a toujours hâte d’être à ce jour, ne regardant que la liberté que ça peut procurer. Dieu sait combien il m’a donné la capacité d’adaptation sans mesure. Elle m’a été utile pour bien de choses, mais pour ce qui est de la nourriture, je n’y suis jamais parvenue, même après 20 ans, j’en souffre encore.
Une différence surprenante !!!
Il est difficile de changer ce qui est bon. Alors, une fois en ville je voulais continuer de consommer les mêmes repas que ceux qui m’ont fait grandir et m’ont rendu si forte. Je ne m’étais jamais dit que ce serait difficile, voire impossible. Pourquoi ça devrait l’être, est ce que je ne suis pas toujours au Cameroun ? Au début, je n’en ai pas trop souffert. Je recevais des vivres que mes parents envoient chaque mois, je pouvais varier avec quelques friandises (je ne subis plus les menus forcés de la maison familiale), pour que mon mois soit entièrement géré. Mon calvaire commence lorsque maman tombe malade, et que je commence à recevoir moins de vivres. Il faut donc tout acheter, ou presque.
Premier choc : le prix. Pour la même quantité de plantain, je dois payer 10 fois le prix. J’ai vu mes sœurs vendre un régime de plantain géant comme un adolescent prédestiné à jouer au basquette à 1000f, et moi je dois acheter 4 doigts de plantains au même prix. C’est à peine croyable. Mais il faut bien que je mange. J’essaie de changer de menu, mais ce n’est pas plus réjouissant d’acheter 5 macabos à 2000f.
Je boude, je me mets même en colère (contre qui, je ne saurais vous le dire), mais au moins, je me console avec l’idée d’avoir encore la possibilité de manger des repas que je connais et que j’aime bien. Deuxième choc : ils se ressemblent peut-être en apparence, mais ils sont loin d’avoir le même goût. Quelle déception. C’est peut-être le gaz, je me dis, il est souvent dit qu’il ne ressort pas le goût authentique des repas. Je me mets alors au charbon très ardent. Rien. Je fini par comprendre que c’est une farce et qu’il va falloir faire avec. Et dire que j’osais souvent critiquer les menus « peu variés » de ma maman. Qu’est-ce que je ne donnerais pas pour les retrouver ?
Au fil du temps, ma santé est devenue fragile, vas savoir pourquoi. Cela fait déjà 20 ans, 20 longues années, et je continue de croire que ça peut changer, que ça va changer. CA DOIT CHANGER !
Et vous, quelle est votre expérience avec la nourriture de la « ville » ?
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