Et si l’Afrique, continent aux terres abondantes, aux cultures nourricières millénaires et à la jeunesse foisonnante, redevenait le grenier du monde ?
Aujourd’hui encore, malgré ses immenses ressources, elle importe chaque année près de 35 milliards de dollars de nourriture. Et selon les prévisions de la Banque africaine de développement en 2024, ce chiffre pourrait tripler pour atteindre 110 milliards de dollars en 2025. Une réalité qui interroge. Une urgence qui interpelle.
Un modèle à repenser, une souveraineté à conquérir
La crise sanitaire, la guerre en Ukraine, les sécheresses prolongées ou encore la volatilité des prix sur le marché international ont montré à quel point l’Afrique est dépendante de chaînes d’approvisionnement qu’elle ne contrôle pas.
Cette dépendance pèse lourd sur les budgets nationaux. La Côte d’Ivoire par exemple consacre près de 10 % de son budget à l’importation alimentaire, principalement du poisson. Une somme colossale, alors même que les ressources halieutiques locales sont en déclin faute de politique de valorisation durable.
Un potentiel agricole gigantesque, mais sous-exploité
L’Afrique dispose pourtant d’un atout majeur : 65 % des terres arables non cultivées de la planète. Le continent possède les conditions naturelles, humaines et climatiques pour assurer non seulement sa propre autosuffisance alimentaire, mais aussi nourrir d’autres régions du monde.
Des pays comme l’Ouganda et le Nigéria semblent avoir pris la mesure de cet enjeu. Le président nigérian Bola Tinubu annonçait récemment le lancement d’un vaste plan pour cultiver 500 000 hectares de maïs, riz, blé, mil et autres cultures essentielles, notamment à travers l’agriculture de saison sèche.
En Ouganda, le président Museveni évoque l’importance de l’agriculture extensive à grande échelle, non comme un luxe, mais comme une nécessité économique et sociale.
Investir au bon endroit : dans l’agriculteur, l’infrastructure et l’innovation
Pour que cette vision devienne réalité, l’Union africaine appelle ses États membres à consacrer au moins 10 % de leur budget annuel à l’agriculture. Mais il ne s’agit pas uniquement d’investir plus. Il faut investir mieux.
Cela signifie :
- Fournir des intrants de qualité, à prix accessible.
- Renforcer les équipements agricoles et l’irrigation.
- Soutenir la formation et l’encadrement technique.
- Développer les chaînes de valeur locales et les unités de transformation agroalimentaire.
Des mesures que la Côte d’Ivoire entend justement appliquer, en renforçant son soutien aux producteurs dans les zones stratégiques du pays.
Nourrir l’Afrique par l’Afrique : un horizon à portée de main
L’autosuffisance alimentaire n’est pas une utopie. C’est un choix stratégique, un objectif politique, un acte économique fort.
Car tant que l’Afrique dépensera des milliards pour importer ce qu’elle peut produire, elle restera vulnérable. À l’inverse, chaque hectare cultivé localement, chaque chaîne logistique améliorée, chaque filière transformée sur place, est une victoire pour la souveraineté, pour l’emploi, pour l’avenir.
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