Au Cameroun, très peu de personnes ont le courage de sortir des sentiers battus pour innover. Nous aimons rester dans une zone de confort, bien qu’elle nous maintienne dans des conditions de vie précaires.
Jadis, le café et le cacao étaient des cultures qui rendaient fiers les agriculteurs qui les pratiquaient. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Pourquoi ne pas les remplacer par des cultures plus prometteuses? Le manque de vision, le manque de courage et la peur du risque. Oui, c’est là quelques-uns des facteurs qui empêchent les agriculteurs Camerounais d’améliorer leurs conditions de vie et de faire de leur agriculture un moteur de la croissance économique.
Prenons le cas d’un légume très riche en nutriments, d’un goût excellent, mais d’une rareté inexplicable : okoribong. Il s’agit d’une liane tropicale consommée chez nous sous plusieurs formes (en sauté, avec du pistache, avec des arachides, etc.). En réalité, s’il est toujours associé à d’autres ingrédients pour être cuisiné, c’est parce qu’il est difficile de le préparer tout seul et parvenir à nourrir une famille nombreuse. Tellement il est cher. Parlant de ses vertus, le jus pressé de ce légume est très recommandé en cas d’anémie pour rehausser rapidement le taux de sang du patient, car il est très riche en fer. Mais où le trouver quand on est dans l’urgence alors qu’il ne court pas les rues ?
Et si on évoquait son prix ! Un bouquet de cinq à sept lianes d’okoribong avec environ cinq petites feuilles chacune, coûte entre 800 et 1000 FCFA. Vous ne le trouverez pas dans tous les marchés du coin. Seuls les camerounais les plus nantis peuvent l’avoir à leurs tables de temps en temps. Même ceux qui ont semé quelques lianes d’okoribong dans leurs champs ou autour de leurs concessions n’osent pas en manger, ça ressemblerait à du gaspillage. Ils préfèrent le vendre, tellement il est cher qu’il est considéré comme de l’or entre leurs mains.
Quand les pluies s’en vont, ce légume devient encore plus rare, avec beaucoup d’autres légumes comme le ndolè, alors qu’on peut bien les cultiver sur de vastes surfaces avec des techniques adéquates. Mais personne ne veut vraiment s’y mettre de peur de ne pas trouver d’acheteur sur le marché. On se contente de ceux qui poussent tout seul, sans effort ni entretien dans nos champs et autour de nos maisons, mais nous investissons encore de l’énergie et du temps dans les hectares de café et de cacao qui ont perdu pratiquement toute leur valeur.
Cette réalité a une explication simple : la chaîne agroalimentaire au Cameroun manque de structuration. Les producteurs ne maîtrisent pas le marché et sa demande, les consommateurs ne savent pas où trouver les produits dont ils ont besoin.
Agrifrika se donne pour objectif de combler les manquements existants dans ce secteur d’activité.
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